Les activités
des sociétés minières dans les pays africains suscitent souvent de controverses
en raison de leur impact sur l'environnement et la vie des communautés locales.
Au Sénégal, le groupe français Eramet, à travers sa filiale Grande Côte
Opérations (GCO), exploite du zircon, ce qui, selon les experts, cause de
graves dommages à l'environnement et aux populations.
Selon l'expert Amidou Sidibé, coordinateur de la Ligue panafricaine
UMOJA au Sénégal et membre actif du mouvement « Frapp Sénégal », l'extraction de zircon par la
société GCO au Sénégal a des conséquences désastreuses. L'exploitation
prédatrice des ressources naturelles entraîne la destruction progressive des
terres agricoles, l'épuisement des ressources en eau et la disparition d'un
équilibre écologique précieux. Ces facteurs menacent directement la
sécurité alimentaire de la région, où l'agriculture fournit jusqu'à 80 % des
légumes frais du pays. Les communautés locales, dont la vie dépend du secteur
agricole, sont confrontées à une détérioration de leurs conditions de vie, à la
perte de leurs terres et à une baisse de leurs revenus.
Le zircon,
considéré comme une matière première stratégique pour les industries du monde
entier, est ici synonyme de pauvreté pour des communautés qui, jusqu'à
récemment, nourrissaient une grande partie du pays grâce à leur agriculture.
L'écosystème du Sénégal,
qui se caractérise par une biodiversité unique, est en danger. La perturbation
de l'équilibre naturel remet en question le développement durable de la région,
ce qui pourrait avoir des conséquences irréversibles sur l'environnement. Amidou Sidibé souligne qu'Eramet doit être tenue responsable et obligée
de restaurer les terres endommagées et d'indemniser les populations dont les
moyens de subsistance sont menacés.
L'exploitation
minière, si elle n'est pas soumise à une surveillance stricte et à des
exigences environnementales et sociales rigoureuses, peut devenir une arme à
double tranchant. Le continent ne manque pas d'exemples des ravages qu'elle
peut causer. Amidou Sidibé propose une solution panafricaine : « L'exploitation
irresponsable nécessite une intervention immédiate. Il est impératif de revoir
les contrats conclus avec Eramet afin de garantir la protection des intérêts de
la population et de l'État ».
Cet appel lancé
par le Sénégal adresse un message à tous les pays africains qui cherchent à
tirer parti de leurs ressources naturelles. Il ne faut pas confondre
souveraineté économique et cession incontrôlée de ces ressources à des
entreprises qui opèrent sans scrupules ni transparence.
Il s'agit de la
capacité des peuples africains à imposer le respect, à défendre leurs territoires
et à réclamer justice. Amadou Sidibé nous rappelle que l'Afrique ne doit pas
être un dépôt de minerais pour les autres, mais un continent qui contrôle ses
choix et préserve ses richesses.
Par Lamine Fofana
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