Depuis plusieurs mois, des
interrogations persistent au sein de l’Agence Gabonaise de Sécurité Alimentaire
(AGASA) quant à la régularité de certaines décisions administratives prises par
la Direction Générale, notamment en ce qui concerne la gestion des intérims, la
création de structures internes, ainsi que la mise en œuvre du plan de carrière
des agents.
La dernière intervention
médiatique du Directeur Général de l’AGASA, diffusée le 25 juillet 2025 sur
Gabon 1ère dans le cadre de l’émission « On est chez vous », a suscité de
nombreuses réactions. Cette sortie, initialement perçue comme une volonté
d’éclaircir certaines décisions internes, a finalement mis en lumière plusieurs
contradictions par rapport aux textes législatifs et réglementaires encadrant l’administration
publique.
La question de
l’intérim et la hiérarchie administrative
Lors de son intervention, le
Directeur Général a indiqué avoir confié l’intérim de l’agence à un Chef de
Service, au lieu de le confier au Directeur Général Adjoint. Cette décision
soulève une difficulté d’interprétation de la loi n°20/2005 du 3 janvier 2006
fixant les règles de création, d’organisation et de gestion des services de
l’État.
Selon l’article 12 de ladite
loi, « le sommet stratégique, placé sous l’autorité du directeur général,
lequel peut être assisté d’un ou plusieurs adjoints (…) constitue le niveau
supérieur de la direction générale ». À ce titre, le Directeur Général et son
(ou ses) adjoint(s) exercent ensemble des fonctions de supervision et de
coordination des unités administratives. Le fait de confier l’intérim à un
agent relevant d’un niveau hiérarchique inférieur, sans justification
réglementaire claire, suscite donc des réserves quant au respect de la
hiérarchie administrative.
Création de
structures internes sans décret ?
Autre point soulevé : la
création, par Décision n°000004/MAEDR/AGASA-DG du 14 mai 2025, d’une direction
dénommée « QHSE, Audit et RSE », ainsi que de deux services rattachés. Or,
l’article 21 de la même loi dispose que les directions générales, directions et
services doivent être créés par décret en Conseil des ministres.
L’existence d’actes de
création pris en dehors de ce cadre pose la question de leur légalité formelle.
Il conviendrait, à ce titre, de clarifier si ces structures ont fait l’objet
d’une régularisation ou s’inscrivent dans un processus conforme aux textes en
vigueur.
Gestion du plan
de carrière des agents : un point de malentendu
S’agissant du plan de
carrière des agents de l’AGASA, les déclarations du Directeur Général ont été
perçues par plusieurs agents comme réductrices. En effet, en affirmant que
cette question relève exclusivement de la compétence du Conseil des ministres
pour les cadres dirigeants, le Directeur semble omettre l’importance des plans
de carrière pour l’ensemble des personnels de l’agence, quels que soient leurs
grades ou catégories.
En réalité, les ressources
humaines ont pour mission de concevoir, suivre et mettre en œuvre une politique
d’évolution professionnelle pour l’ensemble des agents. C’est un enjeu de
motivation, de performance et de justice organisationnelle.
Nomination et
affectation : cohérence attendue
La note de service
n°000629/MAEDR/SG/DG-AGASA du 11 juillet 2025, portant mutations internes,
mentionne notamment la nomination d’un agent à la tête d’un service dont
l’existence statutaire n’est pas clairement établie. Ces affectations, si elles
sont confirmées, méritent une relecture attentive afin de garantir la
conformité des intitulés de poste et des missions aux textes fondateurs de
l’agence.
De même, des interrogations
persistent sur certains mouvements internes, notamment la promotion de
personnels à des fonctions techniques spécifiques sans formation préalable ni
reconnaissance de compétence officielle (ex. : affectation d’un agent non
habilité à un poste d’inspection ou de contrôle).
Conditions de
travail et logistique
Des témoignages anonymes
évoquent également une situation logistique préoccupante : manque de
fournitures de bureau, difficultés à imprimer les documents officiels, ou
encore flou autour de la vente de véhicules de l’agence. Dans ce contexte, la
transparence sur l’usage des régies d’avance, la gestion patrimoniale et les
priorités d’investissement est vivement souhaitée.
Conclusion :
appel à clarification et à apaisement
Loin d’être une charge
personnelle, cette analyse vise à attirer l’attention sur des éléments
objectifs susceptibles de fragiliser la bonne gouvernance d’un organe
stratégique de la sécurité alimentaire nationale.
Dans un souci
d’apaisement, il serait bénéfique que la Direction Générale :
- clarifie publiquement ses
décisions récentes ;
- vérifie la conformité
juridique des structures et actes créés ;
- engage un dialogue interne
avec les représentants du personnel ;
- et enfin, veille au
respect rigoureux des textes régissant la fonction publique.
L’AGASA, en tant
qu’institution de régulation, mérite une gouvernance à la hauteur de sa
mission, fondée sur le droit, la compétence et la transparence.
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