La Société
d’Exploitation du Transgabonais (Setrag) a officiellement lancé, le vendredi 29
août dernier, une vaste opération de renouvellement des ouvrages d’art
ferroviaires. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du programme national de
modernisation du réseau, piloté par l’État gabonais. Premier acte de ce
chantier stratégique : l’intervention sur le pont Assango, à proximité de la
gare d’Andem (PK56), qui marque le début d’une série de travaux répartis entre
Owendo et Franceville.
Très tôt dans la
matinée, les équipes de Setrag étaient à pied d’œuvre, sous la direction
d’Arnaud Mamboundou, chef de chantier spécialisé dans les travaux en hauteur,
et de Franck Junior Boulengui Dianga, responsable des interventions sur les
ouvrages d’art. Tous deux ont rappelé les consignes de sécurité à leurs équipes
avant de se rendre sur le site du pont. Une atmosphère professionnelle mais déterminée
régnait sur les lieux, à la hauteur des enjeux de cette opération.
« Le travail
d’aujourd’hui consiste en un renouvellement approfondi du plancher ferroviaire,
c’est-à -dire au remplacement complet des traverses et des rails », a expliqué
Arnaud Mamboundou sur le chantier. « Nous débutons par le remplacement des
traverses en bois de type 60, avant de procéder à la pose de nouveaux rails,
plus robustes et plus sûrs. »
Un renouvellement
complet et méthodique
Le chantier se déroule
de manière progressive, en suivant un enchaînement rigoureux d’étapes
techniques. D’abord, les anciennes traverses sont démontées, puis remplacées
par des modèles en bois neufs. Par la suite, les équipes posent des rails U60,
plus performants que les anciens U50.
Franck Junior Boulengui
Dianga précise que « Cette transition entre le rail U50 et le U60 implique une
révision complète de l’infrastructure. Les nouveaux rails imposent des
contraintes différentes en termes de poids, de résistance et de maintien. C’est
pourquoi nous procédons également au remplacement des attaches, au renforcement
des châssis, et à des vérifications minutieuses des appuis. »
Cette approche intégrée
garantit non seulement la sécurité des convois, mais aussi la longévité de
l’infrastructure ferroviaire sur les tronçons les plus sensibles du réseau.
Pourquoi maintenir des traverses en bois ? Une interrogation souvent soulevée
concerne l’utilisation continue de traverses en bois, alors même que les
traverses en béton sont progressivement adoptées ailleurs sur le réseau. Ce
choix, loin d’être un retour en arrière, s’explique par des considérations
techniques bien précises.
« Sur les ponts,
c’est-à -dire au niveau des ouvrages d’art, il est crucial de garantir une
certaine souplesse structurelle. Sous ces structures, il y a un vide. Les
traverses en bois permettent une meilleure absorption des vibrations et
facilitent les interventions de maintenance, » justifie M. Boulengui Dianga. Et
d’ajouter « Leur durée de vie est d’environ 10 ans, ce qui est suffisant en
attendant une modernisation plus poussée. » Ce compromis technique s’inscrit
dans une logique d’optimisation des ressources et de sécurité maximale.
Une série d’ouvrages
ciblés entre Assango et Ntoum
Le pont Assango n’est
que le premier d’une série de cinq ouvrages d’art identifiés comme prioritaires
dans la zone comprise entre Assango et Ntoum. Ces structures, pour certaines
vieilles de plusieurs décennies, supportent chaque jour le passage de trains
transportant des milliers de tonnes de matériaux.
« Nous avons recensé
plusieurs ponts nécessitant une intervention rapide. Après le site de Assango,
nos équipes interviendront successivement sur quatre autres ouvrages. Le rythme
dépendra des contraintes techniques propres à chaque chantier », explique le
chef de chantier. La durée des travaux est volontairement estimée de manière
flexible. « Nous préférons évaluer chantier par chantier. Une fois le premier
terminé, nous pourrons affiner notre calendrier global », ajoute-t-il.
Au-delà du caractère technique
de l’opération, ce chantier s’inscrit dans une vision nationale de
modernisation des infrastructures ferroviaires, portée par le gouvernement
gabonais et soutenue par les partenaires du secteur. Le transport ferroviaire,
et en particulier le Transgabonais, joue un rôle vital dans l’économie du pays.
Il assure non seulement le transport de marchandises stratégiques, minerais,
bois, produits industriels, mais aussi le déplacement de milliers de passagers
chaque semaine.
« Ce renouvellement
garantit la sécurité des convois, la fiabilité du trafic et la sérénité des
usagers. C’est une plus-value réelle pour tout le monde : passagers,
entreprises, opérateurs et État », insiste Franck Junior Boulengui Dianga.
Formation, sécurité et
coordination au cœur du projet
Pour réussir ce
chantier ambitieux, Setrag a mis en place une coordination étroite entre ses
différentes équipes, avec des relais locaux dans chaque zone d’intervention.
Des formations régulières sont également dispensées aux agents, notamment en
matière de sécurité, de gestion des travaux en hauteur, et de manipulation des
nouveaux matériaux.
« Travailler sur un
ouvrage d’art, ce n’est pas anodin. Cela demande de la rigueur, de
l’expérience, mais aussi une préparation constante. Nos agents sont formés et encadrés
pour intervenir dans les meilleures conditions », souligne Arnaud Mamboundou.
Ce programme de
renouvellement des ouvrages d’art ferroviaires marque un tournant pour la
Setrag et pour le réseau ferré gabonais. Il s’agit d’un chantier à la fois symbolique
et stratégique, qui traduit la volonté du pays d’assurer un transport
ferroviaire sûr, moderne et durable.
Alors que les travaux
se poursuivront dans les semaines à venir sur d’autres ponts du tracé, les
usagers et les partenaires économiques du Transgabonais peuvent déjà entrevoir
les bénéfices d’un réseau renouvelé, plus résilient face au temps et aux
exigences du transport moderne.
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